Pour ce quatrième article, je vais m’intéresser à ma brasserie préférée ainsi qu’à mon éditeur de jeu préféré.
THE KERNEL est basée à Londres, créé en 2009 par Evin O’Riordain, elle s’est imposée comme une référence en quelques années. On ne peut pas parler de la brasserie sans parler de son fondateur Evin O’Riordain. Comme souvent dans la bière artisanale, plus qu’une passion, c’est presque devenue un mode de vie. Lors d’un voyage à New-York en avril 2007 O’Riordain découvre les bières américaines brassées avec des houblons tels que le Citra, Simcoe... Là, c’est la révélation en rentrant en Angleterre, il n’a qu’une obsession, reproduire les arômes qu’il a découvert dans toutes ces bières très houblonnées, avec ses saveurs typiques d’agrumes de mangues et de pins, qui font notre bonheur aujourd’hui. Ses premiers essais sont décevants, il n’arrive pas à reproduire la qualité des breuvages goûtés outre atlantique. Des faux goûts viennent parasiter les arômes du houblon, comme par exemple le diacétyle qui provoque des goûts de beurre rance. Ceci est causé par une fermentation qui s’est mal passée, c’est souvent dû à un manque de levure. Je suis bien placé pour en parler car en tant que brasseur amateur, c’est un problème que j’ai rencontré, c’est d’ailleurs un défaut que je retrouve trop souvent dans les bières artisanales. O’Riordain a énormément appris et progressé grâce au « London Amateur Brewers » c’est un club de brasseur amateur londonien qui a pour principe d’être très critique pendant leur dégustation afin d’en dévoiler les défauts et savoir comment les améliorer. Ce qui a grandement aidé O’Riordain qui seulement après une douzaine de brassins, est arrivé à quelque chose qui lui convenait (j’en suis à une trentaine et je ne suis toujours pas satisfait, l’homme est très doué).
Avant d’être brasseur Evin O’Riordain était fromager à Neal’s Yard Dairy, grâce à ses relations dans l’industrie alimentaire, il réussit à dégoter un endroit pour brasser. La brasserie est basée sous une arche de chemin de fer à Druid Street dans le Sud-Est de Londres non loin du Tower Bridge. Il achète une unité de brassage de 600 litres chez le fabricant Porter Brewery pour £ 15,100 et commence à brasser une fois par semaine tout en vendant du fromage le week-end au célèbre Borough Market. En plus du matériel de brassage O’Riordain a dû faire des travaux dans son local : électricité, sol, plomberie... Ce qui n’est pas à négliger quand on commence à brasser en professionnel, les mises de départ peuvent vite devenir exorbitantes.
Le bouche à oreille sur la qualité des bières proposées par KERNEL a très bien fonctionné et la brasserie a vite remporté un succès d’estime et commercial. À l’instar de BREWDOG qui s’est énormément mis en avant dans des vidéos plus loufoques les unes que les autres, O’Riordain lui se méfie de la médiatisation et ça se répercute dans le style de ses étiquettes très sobre. La bouteille est cerclée d’une étiquette style papier kraft, avec le logo. Sous le logo est inscrit le style de la bière (pas de nom loufoque) et le pourcentage d’alcool. Pour les Pale Ale et les IPA il y a même inscrit les houblons qui ont servi lors du brassage. Les étiquettes, je trouve, reflètent bien l’esprit du brasseur, simplicité et sérénité. Depuis KERNEL, c’est bien agrandit pas de nouveaux locaux, mais du nouveau matériel pour faire face à la demande. Ils sont maintenant 13 brasseurs à se partager les tâches.
Lors d’un voyage à Londres en 2014, je me suis rendu à la brasserie pour y acheter le délicieux breuvage. À l’époque, on pouvait déguster une bière directement à la brasserie, mais la notoriété de KERNEL ne faisant que croître, de plus en plus de personnes venaient le samedi pour y déguster une bière et c’est vite devenu ingérable pour la brasserie qui a dû fermer leur Tap room (endroit on l’on sert la bière à la pression), en attendant de trouver une meilleure solution. Mais on peut toujours venir acheter des bouteilles sur place, d’ailleurs pour info dans le coin il n’y a pas que KERNEL comme brasserie, je vous l’ai dit plus haut la brasserie est située sous une arche d’une ancienne ligne de chemin de fer, mais sous ces arches il y a d’autres artisans (boucher, fromager...), Après KERNEL d’autres brasseries, ce sont installées à tel point que maintenant cela s’appelle le Bermondsey Beer Mile, toutes les brasseries ouvrent le samedi et l’on peut venir, y déguster ou acheter des bières. Je vous cite les brasseries du Beer Mile : Southwark Brewing Company, Anspach & Hobday / Bullfinch Brewery, The Bottle Shop (c’est un bar pas une brasserie), Brew By Numbers, The Kernel, Partizan, ourpure Brewing Co et EeBria Taproom (bar), il y a de quoi faire non?
Alors que boire chez KERNEL? Moi ce que j’aime par-dessus tout, c’est leur Pale Ale, c’est même, je pense les meilleures Pale Ale du monde... Elles sont fraîches, légères, le travail sur le houblon est vraiment admirable. Les IPA sont aussi très bien, il y a leur célèbre « export stout porter » ( une bière sombre amère très bien équilibrée). À la Paris beer week 2016 (festival de bière) j’ai pu goûter une saison qui m’a énormément plu. C’est d’ailleurs un style de bière que j’affectionne de plus en plus. Vous pouvez tester aussi la « table beer » une bière très faible en alcool, mais avec des arômes incroyables. Bref, il y a énormément de choix chez Kernel, mais le problème, c’est encore de trouver des bouteilles en France, si vous habitez Paris pas de problème (et encore les stocks partent vite) plusieurs caves en proposent à la vente. En province, ça devient plus problématique, j’ai la chance d’habiter Nantes et le coin regorge de cave et de bar à bière qui de temps à autre arrive à s’approvisionner en Kernel. Il fut un temps où le bar « le sur mesure » en avait en permanence à la pression, un régal mais pas pour mon porte-monnaie. Les bières de Kernel sont plutôt onéreuse entre 4€ et 5€ la 33cl, mais ça les vaut largement. Alors si vous avez l’occasion de partir à Londres, n’hésitez pas à vous rendre au Beer Mile et acheter quelques KERNEL. Je vous conseille aussi la brasserie Partisan et j’ai eu de très bon retour de Brew by number.
THE KERNEL BREWERY Arch 11, Dockley Road Industrial Estate, Dockley Rd, London SE16 3SF, Royaume-Uni
Maintenant passons à la maison d’édition PEARL GAMES
avec ses incroyables jeux de plateau !
Comment parler de PEARL GAME sans parler de Sébastien Dujardin, le talentueux créateur de cette boite d’édition. Dujardin est un ancien ingénieur civil belge qui un jour a décidé de se reconvertir dans le jeu de plateau et de se lancer dans l’édition. Vu que cet éditeur est très doué, il s’est fait racheter récemment par Asmodée, un Géant du jeu de société. Dujardin est plutôt ravi de ce rachat car cela lui permet de travailler plus sereinement. Juste avant de lancer PEARL GAMES, il crée « la Venise du nord » illustré par Elise Catros et édité par Asyncron Games, je ne vais pas m’attarder sur ce jeu, mais sachez qu’il est très bon et on peut déjà entrevoir ce que PEARL GAMES va éditer comme jeu. Le nom PEARL GAMES est un hommage au groupe de rock PEARL JAM.
Le 1er jeu édité est TROYES, réalisé en collaboration avec deux autres auteurs qui sont Xavier Georges et Alain Orban et illustré par Alexandre Roche. Premier jeu et premier succès autant par la critique que par les joueurs. Par contre ce jeu s’adresse au «core gamer», je vais pas rentrer dans les détails de la règle au risque de perdre tout monde, en gros vous devez participer à l’essor de la ville de Troyes en vous appuyant sur trois factions dans la ville : les religieux , les militaires et les nobles. Le matériel dans la boite est d’une qualité exceptionnelle (c’est un peu la marque fabrique de PEARL GAMES), Les illustrations sont sublimes on se croirait revenu au temps du Moyen Age. Ce jeu est une immense réussite mais pour découvrir le jeu de plateau c’est un peu rude. C’est un jeu de 2 à 4 joueurs pour des parties d’environ 90 mn. Sachez qu’il existe une extension nommé LES DAMES DE TROYES.
Passons au deuxième jeu, TOURNAY qui est sûrement mon jeu préféré. On peut dire que TOURNAY est la version épurée de TROYES il n’y a plus de plateau, plus de dés, reste que des cartes, de la monnaie et des meeples (petit pion en bois représentant des personnages). C’est quasiment le même pitch de départ, on doit aider au développement de la ville de TOURNAY, grâce aussi à trois factions (militaires, religieux, civils). Même si le jeu a été épuré de pas mal de chose, il n’en reste pas moins profond est difficile à appréhender du moins sur les premières parties (la faute à une iconographie un peu déroutante). Je vais décrire la mécanique du jeu afin que vous en compreniez mieux les tenants et aboutissants. Sur l’aire de jeu, il y a trois colonnes de trois niveaux, chaque colonne représente l’une des trois factions. Chaque colonne a 3 niveaux dans le niveau 1 se trouve les cartes les moins puissantes et dans le niveau 3, les cartes les plus puissantes (pour résumer). Chaque joueur débute la partie avec 2 habitants de chaque couleur rouge (militaire), jaune (civil) et blanc (religieux) ainsi que 6 deniers. À chaque tour, le joueur a le droit à l’une de ces 5 actions : 1 piocher une carte - 2 Activer un bâtiment de son quartier - 3 Lutter contre un événement - 4 Gagner des deniers - 5 rassembler ses habitants sur sa place. Je vais juste essayer de résumer la pioche de carte et l’activation de bâtiments. Pour piocher une carte, vous devez utiliser les habitants qui se trouvent sur votre place. Exemple : pour piocher une carte de niveau 1 en jaune, il faut utiliser 1 habitant jaune, pour une carte de niveau 2, il faut 2 habitants jaunes et c’est pareil pour les autres couleurs. Une fois les habitants utilisés (vous pouvez les récupérer avec l’action rassembler) vous piochez 2 cartes (niveau / couleur) vous en choisissez une et l’autre est reposée sur le paquet face visible. La carte que vous avez choisie est posée devant vous (votre quartier ne doit pas excéder 3 lignes et 3 colonnes). Chaque carte a un pouvoir quand vous décidez de l’activer, vous prenez un habitant de votre quartier et vous le posez sur la carte, et vous activez l’effet de la carte (Exemple d’effets de cartes : gagnez 5 deniers, piochez une carte de niveau 2 recrutez un habitant pour 3 deniers) les effets sont multiples et variés. De plus, les cartes peuvent s’influencer entre elles suivant la disposition que vous leur donnez dans votre quartier. La partie s’achève de 2 façons différentes soit un joueur a construit son quartier entièrement (9 x 9 cartes) avec 2 bâtiments de prestige ( bâtiment qui se trouvent dans les niv 3) soit il faut qu’un certain nombre de crieurs publics soit sortis (le crieur annonce des événements qui affectent tous les joueurs, ils sont disposés au hasard dans les pioches). On compte les points celui qui en a le plus est déclaré vainqueur. C’est un jeu pour 2 à 4 joueurs pour des parties de 30-60 mn, le jeu est toujours développer par les 3 compères (Dujardin, Georges et Orban) toujours illustrés par Alexandre Roche, on ne change pas une équipe qui gagne. Le jeu rencontre lui aussi un énorme succès.
Le troisième jeu de PEARL GAMES est GINKOPOLIS un « City builder» créé par Xavier Georges et illustré par Gael Lannurien. Dans GINKOPOLIS, il faut construire une ville du futur, rien à voir en matière d’illustration et de mécanique avec TROYES. Une fois les règles maîtrisées, (c’est peut-être un poil difficile à appréhender) le jeu est d’une fluidité et d’une profondeur magistrale. À la base le jeu se voulait familial, raté Pearl Game accouche une nouvelle fois d’un beau gros jeu de gamer. C’est un jeu pour 1 à 5 joueurs pour des parties d’environ 90 mn et il existe une extension THE EXPERTS.
Quatrième jeu et là Dujardin nous propose encore du très lourd avec BRUXELLES 1893 (encore une ville décidément), créé par Etienne Espreman et illustré par Alexandre Roche. Dans BRUXELLES, vous incarnez un architecte qui va tenter de faire sa place dans le monde de l’art nouveau grâce à ses assistants, en construisant des édifices, en créant des œuvres d’art ou en développant sa réputation en usant de son influence auprès des notables du palais royal. BRUXELLES est un jeu de placement d’ouvriers, je m’explique chaque joueur va placer des ouvriers (représenté par des petits bonshommes en bois appelé aussi meeple), sur des cases qui représentent une action de jeu. Une fois tous les meeples posés, on résout les actions. Ce jeu est plutôt très complexe pour qui n’a pas l’habitude de ce genre de mécanique, il y a des points à faire un peu partout, on n’est jamais bloqué, mais cela peut vite faire ressentir un sentiment de vertige où l’on ne sait plus quoi faire. C’est un peu le reproche qui a été fait à ce jeu, mais moi au contraire, je l’ai trouvé génial (encore). C’est un jeu pour 2 à 4 joueurs pour des parties allant de 50 à 125 minutes.
Cinquième jeu DEUS. Créé par Sébastien Dujardin et illustré par Ian Parovel, Christine Deschamps, Misda, Paul Laffond. Cinquième jeu et Dujardin se retrousse les manches pour créer lui-même son jeu de civilisation. C’est peut-être le jeu le plus simple à appréhender de la gamme PEARL GAME. Dans DEUS, vous êtes à la tête d’une civilisation du monde antique qui va devoir explorer, construire, exploiter les ressources, établir des routes commerciales, développer vos connaissances scientifiques ou encore faire la guerre. Tout ceci sous le regard des dieux à qui vous pouvez faire des offrandes ou construire des temples pour profiter de leurs pouvoirs. Pari cette fois réussi, le jeu est plutôt simple, d’accès rapide et profond pas facile de faire simple sur ce genre de jeu. De 2 à 4 joueurs et de 60 à 90 minutes la partie. Il existe une extension DEUS EGYPT.
Sixième jeu LA GRANJA est là, c’est un peu particulier puisque le jeu est une la localisation, jeu qui initialement était édité par Spielworxx. Je ne vais pas m’étendre sur ce jeu vu que c’est un peu particulier. Le jeu est basé sur la gestion et transformation de ressources. Plutôt complexe, mais avec une grande liberté dans sa mécanique. Ce jeu est une perle à posséder absolument pour tout fan de ce style de jeu. De 1 à 4 joueurs pour des parties d’environ 90 min.
Pour finir le septième jeu, le magnifique L’AUBERGE SANGLANTE. Créé par Nicolas Robert et illustré par Weberson Santiago. Bon avant d’aborder le jeu juste un point sur l’illustration du jeu qui est juste à tomber par terre!!! J’ai toujours trouvé le graphisme des jeux PEARL GAMES particulièrement sublime, mais là ! Ça dépasse tout encore bravo Dujardin pour le choix de cet artiste brésilien. L’AUBERGE SANGLANTE est l’un des jeux que je joue le plus en ce moment avec ma femme donc dans la configuration 2 joueurs. Le jeu, ce base sur l’histoire de L’auberge de Peyrebeille (l’auberge rouge). Pour ceux qui ne connaissent pas, je résume grossièrement : les aubergistes ont été accusés d’avoir tué et volé plusieurs clients venant séjourner chez eux. Dans l’auberge sanglante, chacun va incarner un membre de cette famille d’aubergiste et tenter de s’enrichir en tuant et pillant nos chers clients de passage sans se faire prendre par la maréchaussée, voir de corrompre un inspecteur pour faciliter le meurtre. L’auberge sanglante est un jeu de carte plutôt facile et malin, la mise est en place de départ est très rapide. C’est vraiment un gros coup de cœur pour moi, je vous le conseille les yeux fermés. Pour 1 à 4 joueurs pour des parties allant de 45 à 60 minutes. Une extension est à venir.
Pour commencer dans les jeux PEARL GAMES, je conseillerais L’AUBERGE SANGLANTE ou DEUS, pour les gens un peu plus téméraire TOUNAY ou GINKOPOLIS et pour les autres les joueurs en manque de sensation forte TROYES, BRUXELLES ou LA GRANJA tout ceci accompagné d’une bonne KERNEL
N.B: les jeux de PEARL GAMES sont aux alentours de 40€ (environ 30€, les extensions) sauf l’auberge sanglante et Tournay qui sont à 20€
J’espère que ce n’était pas trop long ? Mais bon là, c’ était vraiment une brasserie et une maison d’édition de génie que j’affectionne tout particulièrement.
PEACE, GAME, UNITY AND HAVING BEER
DISPOZA